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Livres

Michel Onfray

Michel Onfray

Première partie : Soi, Une éthique de la dignité
Chapitre 2: Exister - l'odium méditerranéen de Pline le Jeune

Que faire de son temps ?
 

l'otium est un art de vivre développé dans sa condition de mortel sensuel et voluptueux. Il suppose calme avec soi-même pour faire la paix avec le monde. Il crée les conditions de possibilité d'un effacement de l'accessoire afin de se concentrer uniquement sur l'essentiel. L'essentiel?la construction de soi comme une force qui va. L'accessoire ? tout ce qui n'est pas l'essentiel…

Cet Art de se mettre ou de se remettre au centre de soi-même permet de créer un axe existentiel à partir duquel s'organisera le monde pour soi. Il faut donc faire le vide pour trouver le chemin du plein d'être de l'être. Écarter les fâcheux et élire les amis, mettre le monde à distance et se faire un monde à sa main, choisir tout ce qui fait de nous des sujets de nous-mêmes, faire taire le bruit des autres, des gens, du monde pour n 'entendre plus que le silence entre soi et ainsi, quitter les villes et préférer les campagnes''
 

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Troisième Partie : Le Monde, Une écosophie des choses
Chapitre 5 : Contemplation - La calleuse principale de l'électeur de Scipion Nasica. 
Que nous apprenons la nature ?


(...) elle suppose un enracinement. Mais les racines de cet arbre sont dans le ciel ; il faut regarder le cosmos.

Il y a une harmonie des étoiles, une paix des astres, une sérénité de la Voie lactée, une tranquillité des planètes, une force sereine qui lie les choses, les anime, les fait fonctionner de conserver : ces vérités qui se voient quand on leve la tete a la campagne doit fonctionner comme des modèles. 

(...) qui suppose qu'on s'arrête, qu'on se pose, qu'on demeure, qu'on cesse toute activité urbaine, mondaine, grouillante et collective, afin de sentir son être enraciné dans le sol ouvert par la charrue de l'homme aux calleuses principales en même temps enraciné dans un ciel offert par une nuit d'été sur la poupe d'un bateau ou n'importe ou ailleurs dans le monde pourvu qu'on lève la tête.

(...) Seuls les atomistes ont vu ce qui s'y trouve : une puissance sereine, pour ne pas dire une force tranquille, un élan vital ou une volonté de puissance qui fait naître une immense quiétude. Une quiétude à laquelle on accède par la contemplation des magies vitalistes de la terre et des leçons dynamiques du ciel. 

Troisième partie

Intermède 8 - Le pourpre dans la toge de Marc Aurèle

Qu'est-ce que vivre en Romain ?

Marc Aurèle se proposait de « rester droit » ; rester droit, c'est « vivre en romain » ; vivre en romain, c'est maîtriser les affects dégradants : le chagrin, le désir, la colère, le deuil, la peur. Il s'agissait donc pour un homme de Rome de vivre selon l'ordre des raisons aristocratiques qui obligeaient à une tenue. Chacun est destiné à tenir un rôle social qui exige de lui la maîtrise. Rome est un surmoi. L'idéal du moi, s'il faut filer la métaphore viennoise, c'est l'équanimité, autrement dit : l'art d'être toujours égal à soi-même. Le Romain idéal manifeste gravité, sérénité, humanité, suavité, simplicité, pudeur, clémence, grandeur d'âme, liberté, patience, loyauté, bienfaisance, longanimité, magnanimité, douceur, bon accueil réservé à l'inférieur. 1 Rome aime la vertu, elle aime donc le spectacle de la vertu. Voilà pourquoi elle estime tant les gladiateurs. Non par goût du sang et des viscères particulièrement sur le sable, mais pour le plaisir de voir de belles personnes capables de regarder la mort en face puis de mourir sans trembler. Car la droiture n'est pas une idée en l'air - les Romains n'ont que faire des idées en l'air -, mais une preuve de vertu. Elle se voit, ou pas, dans les faits, dans les actes, dans la vie. Pierre Vesperini écrit: «Être droit, c'est être beau comme l'émeraude,la pourpre, une lyre, une épée, une fleur, c'est vivre la vie 1 plus belle, c'est-à-dire se distinguer des autres, resplendir au milieu d'eux, pourpre, au lieu d'être n'importe quel fil de la toge » (Droiture et mélancolie : sur les écrits de Marc Aurèle, p. 75). Il reprend cette idée qu'une éthique digne de ce nom, c'est une esthétique. Puis il ajoute : « On peut résumer cette nature esthétique des Anciens par cette formule du philosophe Taureau : Vita ornanda, "Il faut magnifier sa vie, faire de sa vie une œuvre d'art" » 


Troisième partie

Réfléchir - Le miroir de Sextius le père

Comment se penser dans le monde ?

Qui suis-je ? Un fragment du grand Tout soumis à la mort qui est dilution du souffle qui nous constitue dans le grand souffle du monde, alors que le reste du corps, une partie boueuse et corruptible, retrouve la terre où il se dissout à son tour, le sem - blable retrouvant son semblable. Lisons : « Le temps de la vie de l'homme, un instant ; sa substance, fluente; ses sensations, indistinctes ; l'assemblage de tout son corps, une décomposition facile ; son âme, un tourbillon; fils destin, difficilement conjecturable; sa renommée, une opinion vague. Pour le dire en un mot, tout ce qui est de son corps est eau courante ; tout ce qui est de son âme, songe et fumée. Sa vie est une guerre, un séjour sur une terre étrangère ; sa renommée posthume, un oubli. Qu'est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique choisie : la philosophie. Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il ne fait rien au hasard, ni tache point à ce que les autres font ou ne font pas. Et, en outre, par ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les autres font ou be font pas. et, en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu, comme venant accepter de là même d'où lui-même est venu. Et surtout, à attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre choisi que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant. Si donc pour ces éléments eux-mêmes il n'y a rien de redoutable à ce que chacun se transforme continuellement en un autre, pourquoi craindrait-on la transformation de leur ensemble et sa dissolution ? C'est selon la nature; et rien n'est mal de ce qui se fait selon la nature » (II.17). Il faut donc savoir ce qui nous veut et vouloir ce qui nous veut afin de jouir d'être au monde en conformité avec la Nature.

 

Boris Cyrulnik

Résilience : la douleur est inévitable, la souffrance est incertaine.
 

« La vie est passionnée et difficile. Il est nécessaire de supprimer le malheur de la condition humaine. 

 

Fermez les bibliothèques, supprimez le cinéma, arrêtez le théâtre, annihiler les productions artistiques, sont des freins pour vaincre le Malheur. Les films sont les témoignages des péripéties humaines, des chemins parfois émouvants et d'enfants qui ont réussi à surmonter leurs malheurs. Pour l'observateur, c'est une manière de comprendre. Mais pour la personne blessée, le traumatisé c'est une manière de demander à l'artiste, d'être son porte-parole. (…). 

 

Après les traumatismes ou les guerres, le déni est protecteur parce qu'il permet d'éviter d'affronter le problème. bb3b-136bad5cf58d_» empêche toute forme de résilience puisqu'il évite la confrontation du problème.


En Revanche si l'on donne la parole aux poètes, aux chanteurs, aux écrivains, aux cinéastes, aux artistes ; l'émotion est contrôlée, parce transposée au comédien. Le comédien devient le porte-parole du traumatisme. C'est lui qui va dire, interpréter, reléguer le message qui est nié, le message dont je ne peux exprimer par manque de force. Il y a un détournement, une distanciation, un éloignement de l'émotion. 

 

La maîtrise de l'émotion, la représentation du malheur de manière supportable sera transposée dans un film, un roman, une œuvre artistique. C'est seulement à ce moment que nous pourrions aller à la recherche de la compréhension sans  angoisse, sans gêne et appréhension du Malheur (…). L'art joue un rôle très important dans le processus de résilience. (…) On a besoin du manque pour devenir créatif, le manque invite à la créativité .  

 

Nous, êtres humains, nous vivons dans un monde de sens. Il nous faut des rêves, une mémoire pour donner une direction, un sens à notre vie. Si cette direction a été  douloureuse sans moyen de la guérison, La résilience ne se fera pas. Il en résultera  une souffrance sans grande possibilité de modifier le cours de la vie. 

 

Par contre, si on a été élevé de manière fortifiante, sécurisante et avec amour on acquiert du même coup une capacité à surmonter les étapes difficiles de la vie et les traumatismes. -136bad5cf58d_Cette acquisition psychique ou l'on a appris à être plus fort que la souffrance, à la surmonter, à vivre avec, à ce moment la, on souffre moins. Cette atténuation fait que notre douleur est métamorphosée en une œuvre. Œuvres  d'art que les artistes s'émulent à retranscrire. 

 

Un nombre anormalement élevé d'enfant privé d'affection se réfugient dans l'art  cinématographique faisant des films très beaux, émouvants. Blessés, ils ont trouvé le moyen de métamorphoser leurs blessures pour faire une production artistique, avouant que la plupart de leurs œuvres d'art sont des aveux autobiographiques ».

Thich Nhat Hanh

Pas de mort, pas de peur

Dans la dimension historique, nous avons le temps et l'espace, et des paires d'opposés : le bien et le mal, les jeunes et les vieux, les allées et venues, le pur et l'impur. Nous avons hâte de commencer et nous avons peur de finir. Mais la dimension ultime n'a aucune de ces choses. Il n'y a ni début ni fin, ni avant ni après. L'ultime est le fondement qui rend possible la dimension historique. C'est la source originelle et continue de l'être. C'est le nirvana. C'est le royaume de Dieu.

Notre fondement est le nirvana, la réalité ultime. Vous pouvez l'appeler Dieu ou le royaume de Dieu. C'est l'eau dans laquelle nous vivons. Vous êtes une vague, mais en même temps vous êtes aussi de l'eau. Vous avez une dimension historique et vous avez aussi une dimension ultime. Si nous comprenons que notre vraie nature est sans naissance, sans mort, sans venue, sans départ, alors notre peur partira et notre douleur et notre souffrance disparaîtront.

Une vague n'a pas à mourir pour devenir de l'eau. Elle est eau ici et maintenant. Nous n'avons pas non plus à mourir pour entrer dans le royaume de Dieu. Le royaume de Dieu est notre fondement même ici et maintenant. Notre pratique la plus profonde est de voir et de toucher chaque jour la dimension ultime en nous-mêmes, la réalité sans naissance ni mort. Seule cette pratique peut supprimer complètement notre peur et notre souffrance. Plutôt que de dire : « Dans l'ultime j'habite », vous pouvez dire : « Dans le royaume de Dieu, j'habite » ou « Dans la terre de Bouddha, j'habite ».



 

Krishnamurti


 

Alors nous demandons maintenant : qu'est-ce que le mouvement de la méditation ? Tout d'abord, nous devons comprendre l'importance des sens. La plupart d'entre nous réagissent ou agissent en fonction des envies, des demandes et de l'insistance de nos sens. Et ces sens n'agissent jamais comme un tout mais seulement comme une partie - n'est-ce pas ? Veuillez comprendre cela. Si cela ne vous dérange pas d'enquêter un peu plus sur cela par vous-même, de parler ensemble, mais tous nos sens ne fonctionnent jamais, ne bougent pas, n'opèrent jamais comme un tout, de manière holistique. Si vous vous observez et surveillez vos sens, vous verrez que l'un ou l'autre des sens devient dominant. L'un ou l'autre des sens prend une plus grande part à l'observation dans notre vie quotidienne, il y a donc toujours un déséquilibre dans nos sens, n'est-ce pas ? Pouvons-nous continuer à partir de là ? 

Maintenant est-il possible – cela fait partie de la méditation, ce que nous faisons maintenant – est-il possible que les sens fonctionnent comme un tout ; regarder le mouvement de la mer, les eaux brillantes, les eaux éternellement agitées, regarder ces eaux complètement, avec tous vos sens ? Ou un arbre, ou une personne, ou un oiseau en vol, une nappe d'eau, le soleil couchant, ou la lune montante, pour l'observer, regardez-le avec tous vos sens en éveil. … si vous observez cela, si vous observez cette opération de l'ensemble des sens agissant, vous découvrirez qu'il n'y a pas de centre à partir duquel les sens se déplacent.

(...) Nous ne bougeons jamais ni ne vivons avec tous nos sens pleinement éveillés, épanouis. (...) Et redonner aux sens leur juste place, ce qui veut dire ne pas les supprimer, ne pas les contrôler, ne pas les fuir mais redonner la juste place aux sens.

Ceci est important car dans la méditation (...) : si lorsque les sens sont pleinement éveillés, fleurissent alors le corps devient extraordinairement calme. (...) la plupart d'entre nous forçons notre corps à rester assis, à ne pas bouger, à ne pas bouger et ainsi de suite - vous savez. Alors que si tous les sens fonctionnent sainement et normalement, vitalement, le corps se détend et devient très, très calme, si vous le faites. Faites-le pendant que nous parlons. 


 

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